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 Georges-Guy
en 2003 NON-VIOLENCE
- JUSTICE & PAIX
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Georges-Guy LOUVET
Acteur
humanitaire Ami de l'ARCHE DE LANZA DEL VASTO Ami
des enfants et des jeunes Ami des animaux, donc végétarien Chanteur Défenseur
des langues et cultures régionales Membre d'AMNESTY
INTERNATIONAL Militant non-violent Musicien Palmes
Académiques 1997 Peintre Poète, membre de la SACEM Porte-parole
des Gilets Jaunes Professeur et... amateur
de fruits et de crème glacée
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Deux événements m'ont conduit à la NON-VIOLENCE
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1945
: LA GUERRE et LE CHOLERA Je
suis né à Tunis (Tunisie) pendant la 2ème Guerre Mondiale.
Mes parents habitaient Sousse. Une
grave épidémie de choléra s'abattit sur la ville et
sa région. Je tombai malade. Notre médecin
prescrivit un médicament sans lequel je perdrais la
vie. Mais ce médicament était très demandé
et on ne le trouvait plus. Un pharmacien tunisien
promit à mon père de tout tenter pour se le procurer.
Il fit la route de Sousse à Tunis : environ 140
km par la route. Il trouva le médicament et
me sauva la vie. "Shukran !" J'ai
toujours considéré que j'avais 2 pères : mon papa et
ce pharmacien tunisien. Mais cela prouve
aussi qu'il
y a des hommes bons dans tous les peuples.

Je
serai éternellement reconnaissant à ce pharmacien
tunisien de m'avoir sauvé la vie. Comment
s'étonner que je sois devenu non-violent
et que je travaille à l'amitié entre les
peuples ? A l'âge où il m'a sauvé,
je travaillais déjà à l'amitié entre
les humains et les poissons. A Sousse, mes
parents aimaient me conduire en promenade
au Parc Nicolle. Il y avait un bassin où
nageaient des poissons rouges. Je les voyais
ouvrir et fermer la bouche et je me disais
: "Ils me parlent à voix basse pour
me dire un secret." Alors je demandais
aux gens de ne pas faire de bruit et d'écouter
la parole des poissons !
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A 2 ans, près de mes amis poissons rouges.
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J'étais
né dans une famille modeste : peu d'instruction, peu
d'argent... En Corse, mon adorable grand-mère maternelle, Anna-Maria,
ne savait ni lire ni écrire ; elle survivait au seuil
de la pauvreté et, pour nourrir ses 5 enfants,
elle travaillait du matin
au soir. Elle faisait 10 km à pied
pour aller vendre des tomates à BASTIA et gagner quelques
sous. Malgré le travail et la peine, elle était bienveillante
avec tous : la famille mais aussi les voisins, les touristes,
les animaux, le basilic sur le balcon... Tous avaient
droit à son amour mais elle n'acceptait ni violence,
ni injustice. Plus tard, je compris qu'elle
était non-violente sans le savoir.
J'étais
assez mal habillé : je n'avais qu' 1 seul
pantalon rapiécé donné par une famille aisée.
Au lycée de Bastia, un maître
d'internat raffiné se moquait de ma tenue
de pauvre et invitait les autres enfants
à rire de moi. Depuis, les vêtements usagés
sont mes favoris : mon drapeau ! Le pauvre
vous salue ! Ma famille me conseillait de bien travailler
à l'école pour donner une leçon aux rieurs. C'était
un bon conseil. J'étais bon élève, souvent
le premier de la classe... Les rires cessèrent.
En fin d'année, je fus abondamment récompensé
: mes "premiers prix" me valaient
une moisson de livres et de compliments
lors de la "Distribution des Prix".
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 1957
- "Distribution des Prix"
au lycée de Bastia
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1960 : LA GUERRE et
LA MORT DE MON AMI
 1961
- 17 ans - Première guitare
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J'ai
toujours aimé le chant et la musique. Quand
j'étais enfant, le Père Noël m'avait apporté
un harmonica ; je l'emportais toujours dans
ma poche avec quelques morceaux de sucre.
Vers l'âge de 16 ans, je
demandai à mes parents de m'offrir une guitare...
Comme ils n'avaient pas beaucoup d'argent,
ils achetèrent la moins chère du magasin.
Mais j'étais au comble du bonheur et je
me mis aussitôt au travail. J'ai appris
à en jouer tout seul ; nous n'avions pas
l'argent pour payer des cours et, de toute
façon, j'ai toujours aimé me débrouiller
seul.
Pendant
la Guerre d'Algérie, j'étais adolescent. Je n'avais
pas vraiment conscience du drame qui se
déroulait en Afrique du Nord. Je manquais
de maturité, mais la vie allait se charger
de me faire mûrir brutalement.
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Je
m'ennuyais un peu avec les adolescents de
mon âge. Ils ne pensaient qu'à fumer en
cachette, draguer les filles ou faire du
sport... Je leur préférais mon
meilleur ami. Il s'appelait Alain AUBRIOT. Il avait quelques
années de plus que moi. C'était un jeune homme
très doux, gentil, attentionné, intelligent, cultivé,
très humain... Alain avait remarqué mon goût
pour la musique : chant, harmonica, guitare. Il
me fit découvrir la musique classique : abonné à "La
Guilde du Disque", il recevait régulièrement
de nouveaux disques et m'invitait à venir
les écouter. Grâce à lui, de découvris BACH, BEETHOVEN,
CHOPIN... J'étais enchanté. (Plus tard, je continuerais
mes recherches en solitaire : DEBUSSY, DURUFLÉ,
FAURÉ, IBERT, RAVEL, SATIE, STRAVINSKI...
Un émerveillement sans fin !) Alain
était
un chrétien fervent. Séminariste, il se destinait à
la prêtrise. Mais il fut "appelé"
pour faire la guerre en Algérie, lui le doux, le pacifique. Hélas...
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 Alain
AUBRIOT, mon ami
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Alain
fut tué en Algérie. C'était en août 1960. Son corps nous fut rendu, dans un cercueil.
Je passai la nuit du 22 au 23 août 1960 à veiller sa
dépouille, dans la petite chapelle du Vert-Bois, à SAINT
DIZIER. Cette nuit fut la plus importante de toute ma
vie. Mon esprit était tourmenté : tristesse d'avoir
perdu mon ami, colère contre ceux qui l'avaient tué,
compréhension car ils voulaient libérer leur pays de
la présence française comme nous avions libéré le nôtre
de la présence allemande, difficulté à trouver une réponse
appropriée à ma peine et mes tourments. Aux
4 coins du cercueil se dressaient 4 candélabres allumés.
Je voyais les papillons de nuit venir se jeter dans
la flamme, y brûler leurs ailes. Soudain je compris
: ces pauvres petits insectes venaient mourir au feu des
candélabres comme les hommes meurent au feu de la guerre,
au feu de la violence. Tout s'éclaira dans mon esprit.
Cette nuit-là, je décidai de ne pas m'engager dans les
flammes de la vengeance et de la haine, mais au contraire...
J'avais
16 ans. Devant
le corps de mon ami, je jurai de consacrer ma vie à
la PAIX.
Je l'ai fait.

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L'ENFANT A SOIF D'AMOUR
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A
SAINT DIZIER, je fréquentais le Lycée Saint Exupéry.
J'aimais beaucoup notre prof de Français, Mlle CAIL,
et notre prof d'Anglais, M. CANAL. En
classe Terminale, j'étais le premier de la classe en
Anglais et en Allemand. A la rentrée scolaire, il manquait
un prof d'Allemand. Le proviseur devait combler ce vide,
en attendant la nomination d'un enseignant. Il fit appel
à moi pour permettre aux enfants de 6ème de commencer
leur année. Bien sûr, ce n'était qu'un bricolage peu
satisfaisant : tous les gouvernements font des économies
sur l'Education et préfèrent dépenser des milliards
en sottises. Pourtant, cette expérience allait changer
ma vie. On me confia une classe de 6ème
: des enfants gentils, sages, qui ne demandaient qu'à
apprendre. Ce furent mes premiers pas dans l'Enseignement
et... j'y découvris ma vocation : je décidai
de devenir professeur et de m'occuper d'enfants. J'entrais
au paradis ! Dès le premier jour, j'ai adoré prendre
soin des enfants et cela ne m'a jamais quitté jusqu'à...
aujourd'hui ! Parlez-moi d'enfants et mon cœur n'est
que neige au soleil.

J'ai respecté
et aimé tous mes élèves. Je voyais en eux
des "enfants" avant de voir des "élèves".
Ils m'ouvraient leur coeur. Je prêtais une grande attention à leur vécu, leurs souffrances,
leurs rêves, leurs désirs, leurs joies... Vivre parmi
les enfants faisait mon bonheur et j'essayais de faire
le leur. A 20 ans, j'étais Maître d'Internat
au Lycée des Marcs d'Or, à DIJON. Un soir, un enfant
me répondit très mal, avec insolence et grossièreté.
Au lieu de le punir, je lui parlai avec affection et
il corrigea aussitôt son comportement. Le lendemain,
je le vis seul, assis sur un banc, dans la cour ; il
semblait triste, abattu. J'allai lui parler et lui dis
mon affection pour lui et pour tous les enfants. Il
fut réconforté et m'ouvrit son coeur, me confia ses chagrins. Je compris : un
enfant qui fait mal est un enfant qui a mal.
Ce fut la grande leçon de ma vie de prof : l'enfant
a soif d'amour !
Cet élève était dans la section "tailleurs de
pierre". A la fin de l'année, il vint m'offrir
un cadeau : une pierre de Comblanchien, qu'il avait
taillée à l'atelier, à mon intention. Cela lui avait
demandé des mois de travail. D'une pierre, il avait
fait une sphère parfaite, semblable à une boule de pétanque,
de couleur beige tendre, luisante comme la pleine
lune dans la nuit. Une merveille. Le plus beau cadeau
de ma vie. (Je l'ai toujours près de moi, 60 ans plus
tard : cette boule m'a suivi jusqu'à l'île de la Réunion
où j'ai enseigné longtemps.) Je
compris que les enfants sont de petits moineaux qui
meurent de soif : soif de tendresse ! Je me
pris alors d'un amour infini pour les enfants et les
jeunes. Nous étions amis inséparables. Ils venaient
me rejoindre aux récréations, m'invitaient à leur table
à la cantine et à leurs jeux dans la cour, appuyaient
leur tête contre ma poitrine, prenaient ma main, me
sautaient au cou à longueur de journée, s'étonnaient
que mes joues ne s'usent pas sous les bisous. Je faisais
mine de bougonner : "Sales gosses ! Je vous
déteste de tout mon coeur." J'avais
pour les enfants le plus grand respect et un amour infini. Ils me disaient que
ma classe était le seul endroit où ils se sentaient
libres, heureux, et en sécurité. C'est un sentiment
que je partageais avec eux. Quarante années parmi les
enfants me furent quarante années de bonheur. L'enfance
m'est une cathédrale, la plus sacrée de toutes. Les
enfants me sont un paradis, mon amandier fleuri,
ma source claire.

Professeur
à CHÂTEAUNEUF-LES-MARTIGUES, j'avais créé un "Club
NON-VIOLENCE". Il était très apprécié des enfants.
On y apprenait les principes de la non-violence active,
par divers moyens : textes, vidéos, chants, dessin,
poésie... Mais surtout, j'insistais sur la nécessité
de s'engager dans "l'action" car "le
savoir" ne suffit pas. Nous avons accompli
près de 90 actions ensemble : expositions, spectacles, actions
humanitaires ( enfants cancéreux, enfants handicapés,
enfants d'Afrique, enfants d'Asie, personnes âgées...), actions
écologiques ( équipes de propreté, reboisement des collines
après incendie....). Les adultes ont
l'habitude de se décerner des médailles d'or, d'argent,
de bronze... Aux enfants revient la médaille de générosité
et d'amour !

Nos actions ont été récompensées à
3 reprises : - Premier Prix du concours " Les
enfants de la Faim ", CFCF (Comité Français Contre la Faim), 1984 - Prix régional spécial au concours
des villes et villages fleuris, 1996, région PACA, (Actions de sensibilisation à
l'Environnement) En
1997, je reçus les
Palmes
Académiques
pour
l'ensemble de mon travail d'éducation. Je le dois
beaucoup aux enfants ; sans eux, je n'aurais été qu'un
prof comme tant d'autres. Merci, les enfants !
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TROUBADOUR DE LA NON-VIOLENCE ET DE LA PAIX
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 1984
- Musique médiévale devant la basilique de VEZELAY sur
le chemin de LOURDES. Encore avec des enfants !
Pour
en savoir plus sur mes activités de chanteur "troubadour
de la Non-violence", visitez le site web consacré
à mon récital
"LA FORCE D'AIMER" => http://ggl.1.free.fr/recital-ggl/index.html
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