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Avec
Jean GOSS

Jean GOSS 1912 - 1991 A parcouru le monde
pour faire connaître et appliquer la non-violence active. - " Quand je
dis " NON " à la violence, je fais un acte d'homme libre, je donne à l'homme
toute sa dimension d'homme. "
J'ai rencontré
Jean GOSS à plusieurs reprises et, à chaque fois, ce fut un plaisir et une
joie. En mars 1987, à Aix-en-Provence, j'avais assisté à l'une de ses
conférences et j'avais été enthousiasmé par sa force et sa fougue. C'était un
travail à la fois puissant, précis, convaincant et... volcanique. Il disait :
"Dîtes la vérité! Refusez d'obéir aux ordres injustes, aux lois injustes, c'est
à dire aux ordres et aux lois qui manquent de respect à la personne humaine! La
non-violence repose essentiellement sur la Vérité avec une seule méthode :
l'attaque à la conscience." Jean l'audacieux n'y allait pas de main morte. Il
disait aussi : "La non-violence, c'est "servir". La violence, c'est "se servir"!
Les dirigeants n'ont pas faim, soif ou froid. Le peuple a faim, soif, froid!", ou
encore : "Le fer de lance de la non-violence est le refus d'obéir au mal."
Ce soir
là, il avait même dit : "On n'étudie pas la non-violence dans les universités
françaises. On l'étudie ailleurs dans le monde, aux Etats Unis ou au Japon, mais
pas en France. Qu'est-ce que c'est que ces universités françaises? Si on ne peut
pas y étudier la non-violence pourtant essentielle pour l'avenir de l'humanité,
à quoi peuvent-elles bien servir? Quand est-ce qu'on y mettra le feu?"
Quand
on connaissait Jean, on savait bien qu'une telle question n'était qu'une figure
de style, mais bon sang, quel orateur! Quelle flamme! (si j'ose dire...)
En
1985, je fus sollicité pour chanter la non-violence au "Forum pour la Paix", à
Valence. J'y suis monté. Jean GOSS y était aussi : il donnait une conférence. Je
m'y suis rendu avec gourmandise, me régalant d'avance. Il était là, devant la
porte de la salle, adossé au mur car ses jambes lui faisaient un peu défaut.
Malgré ma crainte de le déranger avant sa conférence, je suis allé vers lui et
j'ai dit : "Bonjour. J'aime la non-violence." Son visage s'est illuminé
d'un large sourire, il m'a ouvert les bras et m'a répondu : "Salut! Tu es le
bienvenu!". Et il m'a serré contre lui. Nous nous embrassions comme deux frères.
J'aimais cette simplicité chaleureuse, cette amitié naturelle, cette vigueur
dans les élans du coeur et, en même temps, cet engagement passionné dans la
non-violence. Equilibre entre le coeur, l'esprit et l'action! Chez Jean comme
chez nos amis de l'Arche.

1986
: Georges-Guy LOUVET illustre en chansons une conférence de Jean
GOSS De
G à D : Georges-Guy LOUVET, Jean GOSS et Suzanne CHAMPETIER (du
Service VIVRE)
Plus tard, on m'a demandé d'illustrer les
conférences de Jean GOSS et de Jean TOULAT par un choix de chansons
adaptées aux thèmes évoqués par l'orateur. Une expérience fabuleuse! Jean GOSS
était un homme chaleureux et... très ouvert. Il savait comment articuler son
discours pour me permettre d'y entrer avec ma guitare. Lorsqu'il tournait la
tête vers moi, je savais qu'il était parvenu à une articulation dans son raisonnement
et me passait le relais ; je prolongeais alors son
travail par mon chant. Ce qu'il disait avec des mots, je le développais sous
une autre forme, avec des chansons, à
la guitare ou à la vielle. Nous allions l'amble, à deux voix mais au service de
la même cause. Oui, Jean était un frère. Sa mort en 1991 me fit mal. J'aimais
très fort ce grand frère incandescent.


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